Le travail c'est pas toujours la sante

Publié le 9 février 2006 par Stéphanie

Le 9 février 2006,

nuageux, - 7 degrés (températures moyennes en haut à droite), avec facteur vent: - 15.

Il a neigé ces derniers jours, généralement, ça me donne le sourire, mais pas en ce moment.

Il ne suffisait pas que mon coloc me fasse la gueule (parce que je ne suis pas son amie, ni son admiratrice, il m'en veut), maintenant, c'est ma manager, à la maison de la presse qui me sort par les........ Pas seulement des miens d'ailleurs, car il semble que c'est de même pour mes collègues.

Tous les employés ici sont français, et parlent tant bien que mal l'anglais, ce qui n'est pas si mal si l'on tient compte du fait que, elle, ne parle pas un mot de français, dans une boutique où 30% des clients sont francophones. Mais, elle nous forme en anglais, en parlant à toute allure, bien évidemment pour nous mettre en difficulté. Ce qui nous amène à lui faire répéter les consignes plusieurs fois et qui la conforte dans son idée qu'on est tous des imbéciles alors qu'elle est si intelligente. Vous allez me penser parano, mais non non non, lisez jusqu'à la fin svp. Après cela elle nous demande d'exécuter la tâche, et reste quelques mètres en retrait, du genre vas-y , je te fais confiance, je m'éloigne, mais je garde un oeil sur ton travail de loin, afin de te tomber dessus à la 1ère occas. Donc, en gentil employé stressé car se sachant surveillé, on exécute la tache tant bien que mal, le coeur battant, les neurones surchauffés, et l'erreur fatale arrive, la manager avec: " Je viens de te montrer, c'est pourtant pas compliqué..................recommence". Alors on recommence, encore plus stressé..................

Et puis un jour, alors que l'on fait notre job bien comme il faut depuis déjà quelques temps, elle est là, elle observe, elle te demande d'aller plus vite, alors tu te dépêches, et en te hâtant, tu te trompes. Madame la manager te demande alors: "Ça fait combien de temps que tu travailles ici?" Tu n'as pas envie de répondre parce que tu sais où elle veut en venir. Alors elle repose la question. Tu te vois obligé de répondre :"Depuis trois mois." "Et après trois mois, tu ne sais toujours pas faire ça?" " Tu réponds que tu l'as très bien fait les autres jours." Tu as même envie de préciser, "quand vous n'étiez pas là pour stresser tout le monde", mais tu sais déjà qu'elle va te répondre qu'elle n'était pas là pour voir combien de temps ça t'avait pris pour le faire. Quand il s'agit d'humilier les gens, elle a toujours la repartie facile.

En fait, ça s'est très bien passé pendant tout le mois de décembre, car elle était partie en vacances. Puis elle est revenue. On ne pouvait pas ne pas le savoir. Quelques jours avant déjà, tout le monde s'est mis à stresser et à accélérer la cadence, de peur que tout ne soit pas impeccable à son retour. Retour improvisé d'ailleurs, un jour avant la date prévue, pour faire une surprise et nous prendre en flagrant délit, de rien car, les connaisseurs avaient prévu le coup. C'est vous dire la confiance qui règne. Enfin elle est revenue, et depuis rien ne va plus. "Courage, fuyons!" est actuellement ma devise.

Une de mes collègues m'a avoué avoir pleuré tous les soirs pendant le 1er mois qu'elle a passé dans cette boutique. Aujourd'hui encore, elle lui a fait répéter le nom d'une revue:"Yee", 7 fois je crois, jusqu'à ce qu'elle le prononce de la bonne manière, cela derrière la caisse, devant les clients, soit disant pour lui rendre service, pour lui apprendre l'anglais. Ma collègue était rouge de honte, les clients semblaient gênés eux aussi. Du coup, elle s'est sentie obligée de se justifier auprès de l'un d'eux. Même le jour de son anniversaire elle est ignoble. Pas de trêve.

La politique de la maison est de ne jamais rester à rien faire, même deux mn, et d'éviter de parler entre nous parce que cela nous ralenti dans notre travail. Plus vite, toujours plus vite et plus rentable, tout ça pour 8$ et des poussières brut de l'heure (à peine 6 euros). Et oui, nous sommes en Amérique. A la MdlP, on peut me virer sans préavis, tant que je n'ai pas signé de contrat officialisant la fin de ma période d'essai (3 mois, donc bientôt). Je suis en CDI officiellement, puisque je n'ai signé aucun contrat, mais à temps partiel. Sauf que le nombre d'heures que je dois effectuer par semaine n'est pas écrit, alors ils peuvent me faire travailler que 6 heures si ils veulent. Je ne connais pas le droit du travail canadien, mais sans doute qu'ils doivent tenir compte dans ce cas du nombre d'heures effectués lors du 1er mois de travail comme minimum de référence. Enfin, je ne vais pas m'engager dans ce genre de litige, je ne suis pas venue au Canada pour ça. Juste pour vous dire que "c'est pas si pire en France".

Le gars qui m'avait donné l'adresse pour le job, m'avait bien prévenue. Il avait lui même rendu son tablier en pleine journée, ne supportant plus cette "peste caractérielle" comme il disait. Et bien il n'y a que le besoin de sous qui me retienne d'en faire autant. Beaucoup ont démissionné pour raisons similaires. Et je ne ferai pas long feu non plus. En France, je n'aurais jamais accepté cela, d'une part parce qu'il m'aurait été facile de trouver un autre job, d'autre part, parce que j'aurais eu plus de vocabulaire pour me défendre.

J'ai commencé à bosser chez "Crêpes a Gogo" la semaine dernière. C'est une crêperie, au cas où le nom ne vous aurait pas mis sur la piste. Donc, je sais maintenant faire de belles et grandes crêpes, sur un vrai billig, avec ma "rosel" ( petite baguette de bois en T, qui sert à étaler la pâte ). Si ça se passe bien et qu'on m'y donne assez d'heures pour vivre correctement de ce salaire, je n'aurais aucun scrupule à envoyer valser ma belle chemise "Maison de la Presse".

La patronne de la crêperie est française. Elle nous forme en français. Elle est exigeante, mais polie et ouverte. Ça change..........................

Bon, il m'aura fallu aller au Canada pour apprendre à faire de vraies crêpes bretonnes. C'est quand même un comble, non?????????