Fini l'hiver, tour du poteau et enfin le printemps

Publié le par Phanybe

 

    L'année 2010 aura donc commencé avec des problèmes de santé et la fin de mes économies.

J'aurais aussi dû fêter mes 35 ans. Mais j'ai pas le moral à ça. Ils passent inaperçus. Je l'ai voulu comme ça.

 

    Mais enfin, je reçois la réponse positive de ma résidence permanente mi-janvier. J'envoie mon passeport à Détroit (E-U), comme cela doit se faire. Et il me revient avec mon visa à l'intérieur, 10j plus tard. Me reste donc à faire le tour du poteau.

    Stéphane me propose de m'accompagner, et nous y allons le samedi 30 janvier. J'emporte tous les documents nécessaires et en route pour la frontière américaine à hauteur de Lacolle, à 1h de Montréal.

Nous suivons scrupuleusement les indications, mais malheureusement, il y a deux postes frontière à Lacolle, et celui sur lequel nous arrivons ne fait pas les visas. C'est juste un poste de contrôle. Mais on nous explique comment se rendre à l'autre poste frontière (l'officiel) et nous y arrivons enfin.

    Je ne souhaite pas passer la frontière en voiture car d'une, je ne sais pas si on peut faire demi-tour juste après, et de deux, je ne sais pas s'il vont nous faire payer à tous les deux les 6$ de visa pour entrer au E-U. Du coup, je laisse Stéphane m'attendre sur le parking et j'y vais à pied.

Le premier poste frontière que je rencontre sur mon chemin est le poste canadien. On m'indique de longer la route jusqu'au poste américain, qui lui est de l'autre côté des barrières, à 200 mètres environ. Il neige, il fait -15°C, mais je ne me démonte pas.  Et je marche tranquillement le long de la route, ayant l'air d'une clandestine, je suppose, étant donné l'accueil qu'on me fait à l'arrivée.

     En effet deux hommes et une femme en uniforme s'avancent en travers de ma route d'un air déterminé et peu commode, s'immobilisent à quelques mètres devant moi, jambes écartés et bras croisés pour l'un, près à dégainer pour l' autre, la main sur la matraque pour le dernier. Et moi, tout sourire aux lèvres, je continue ma route en leur direction, précisant que je viens pour établir mon visa de résidence permanente au Canada.

L'un d'eux semble se décontracter un peu et me propose de le suivre, ce que je fais sans broncher, escortée par les deux autres.

     Ils m'emmènent dans un grand hall, entouré de comptoirs et pourvus d'une cinquantaine de sièges de salle d'attente. Le plus aimable me demande mon passeport et m'indique de m'asseoir, puis passe derrière les comptoirs. Les deux autres retournent à leur poste.

J'attends, sans savoir quoi exactement. Nous sommes une dizaine dans la salle.

15 mn plus tard, on m'appelle. Je me dirige vers le comptoir. Le même homme me demande pourquoi je suis venue à pied. Je lui explique que mon ami qui m'accompagne est resté sur le parking car je ne voulais pas qu'il paie le visa pour rien. Il me répond qu'il n'aurait pas payé et qu'on aurait fait demi-tour juste après le poste frontière, à l'endroit indiqué pour cela. Il sourit (de moi, je suppose). Bref, il est plutôt sympathique finalement, malgré l'accueil musclé.

Il me donne un visa américain sur papier blanc, gratuit (pas le petit carton vert à 6$), qui prouve que je suis sortie du Canada (pour pouvoir y entrer) et m'explique de me rendre au poste frontière canadien et de leur montrer. Il commande à un agent de m'accompagner (on ne sait jamais, je pourrais vouloir me faufiler discrètement en territoire américain, ou me faire écrasée par un fuyard fou). L'agent m'accompagne donc jusqu'à la barrière canadienne.

     Là, je donne mon papier à l'accueil, puis je patiente encore en salle d'attente un bon 15 mn. J'observe la femme Haïtienne devant moi qui explique qu'elle est résidente du Canada et qu'elle est allée chercher ses enfants en Haïti après le tremblement de terre pour les ramener avec elle. Elle ne semble pas avoir de visa pour eux, et demande l'asile. Ca ne semble pas tourner en sa faveur. La pauvre est harcelée de questions par 3 douaniers, rien que ça.

      On m'appelle enfin. L'agent vérifie minutieusement tous mes documents, qui on pourtant déjà été joints à ma demande de résidence. Je crains juste pour l'attestation de ressources. Les immigrants doivent prouver qu'ils ont 2500$ de coté à leur arrivée au Canada. J'ai un relevé bancaire de mes économies, mais pas de 2500$. Ils pinaillent. Je leur explique que j'ai un emploi permanent, un salaire régulier, un logement......et que je suis depuis 3 ans au Québec. Je leur montre mes BDS. L'agent en appelle un autre pour avis....Finalement il dit que c'est ok. On me demande de me rasseoir. J'attends. On me rappelle 15 mn plus tard. Je dois lire et signer quelques documents quand à mes obligations en tant que résidente canadienne et on m'explique de bien garder les documents qui me seront demandés lors de ma demande éventuelle de citoyenneté.

 

      Je repars et rejoins Stéphane au parking, après 1h30 de démarches et d'attente, avec une simple feuille provisoire en attendant de recevoir ma carte de résidence dans quelques semaines par la poste.

 

Ca y est, je suis résidente permanente et suis tranquille pour 5 ans. Ouf!

 

     Et je vais aussi pouvoir me réinscrire à la RAMQ (assurance maladie du Québec) pour être remboursée de mes frais médicaux.

 

     Mais avec ce nouveau statut de résidente permanente, qui me donne tous les droits d'un canadien (démissionner, étudier, cotiser pour la retraite...), sauf celui de voter, et me permet d'envisager ma vie à long terme ici,  je me mets à douter. Je doute du sens de ma vie au Québec et me demande si je ne devrais pas rentrer vivre en France. Le mal du pays?

 

     En mars (5 mois après mon emménagement) nous fêtons la crémaillère dans ma nouvelle collocation, avec Nathalie et Matthieu. Nous nous retrouvons à 50 personnes dans un 5 1/2 (T4 pour les français): erreur de logistique. Mais tout le monde semble s'amuser. Fin des festivités à 4h du mat. 2h de rangement à 3 ( 6h donc en tout)  le lendemain.

 

    Je rentre en avril en France pour le mariage de mon cousin Paul. Je vois toute la famille. Il fait un temps magnifique: 25°C en moyenne tout le temps de mon séjour. Je vais à la plage. Je vois aussi mes amis. Et à mon retour, je suis en pleine forme. Mon moral est remonté à bloc et je suis heureuse de vivre à Montréal, finalement.

 

    Je prends des décisions pour mon avenir: changer de travail (maintenant que je suis résidente, je peux), entreprendre une formation (mais je ne sais pas encore dans quoi), faire ma traversée du Canada cet été.

 

Le printemps me porte loin......bien loin de mon broyage de noir de l'hiver.

 

 

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